LETTRE AUX DIRIGEANTS DU PS

Publié le par Association Fraternité Franco-Africaine (FFA)

     LETTRE OUVERTE AUX DIRIGEANTS DU PS  (05-11-2007)

 

          Etant donné les évolutions actuelles de la vie tant internationale que nationale, nous nous adressons à vous en tant que principaux responsables de l’opposition en France et porteurs de ce fait de l’aspiration collective à des alternatives constructives. Un double de ce courrier est transmis aux différents partis d’opposition ainsi qu’aux associations.

        Notre propos portera sur trois points complémentaires : l’acceptation par Dominique Strauss Kahn du poste de Directeur Général du FMI, les relations de Coopération franco-tchadiennes à la lumière de l’affaire Arche de Zoé, enfin la question du mode de consultation concernant le projet de Traité européen modifié.

 

       1- L’acceptation par Dominique Strauss Kahn du poste de Directeur Général du FMI

 

          Cette nomination pose un problème quant à la maîtrise de ses enjeux: pourquoi l’opinion publique n’a t’elle pas été informée de la crise actuelle de cette institution, dont le précédent Directeur Général Rodrigo Rato a démissionné en juin dernier et que de nombreux  pays progressistes d’Amérique latine (Argentine, Venezuela, Bolivie, Equateur, Paraguay, Brésil) menacent de quitter? En lieu et place du FMI dont les peuples du Sud ont démontré que cette institution, créée en 1944 par les pays occidentaux, est en fait un outil d’exploitation post-colonial, la création de la Banque du Sud le 3 novembre 2007 s’inscrit dans un processus d’émancipation et construction continentale, alimentée par les succès électoraux d’équipes nationalistes, féministes et d’origine amérindienne.

          Dans l’état actuel des choses, l’on est donc en droit de penser, comme le CADTM (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde) basé en Belgique et dont nous vous adressons le dernier communiqué,  que malgré les promesses du FMI de se moderniser, Dominique Strauss Kahn ne pourra pas y défendre réellement l’intérêt général.

           Nous proposons qu’un débat public soit organisé qui permette à l’opinion nationale de s’informer sur ces questions et de déterminer si le FMI (de même que la Banque Mondiale) est réformable ou s’il doit être remplacé par une institution démocratique et sous l’égide des Nations Unies, comme les autres organismes  internationaux (OIT, FAO, OMS, UNESCO, CNUCED…). La France pourrait jouer alors un rôle pleinement positif.

 

         2- Les relations franco-tchadiennes à la lumière de l’affaire Arche de Zoé

      

             L’embroglio diplomatique dans laquelle sont enlisées actuellement les relations franco-tchadiennes est également symptomatique d’une fin d’ère à laquelle il nous faut apporter, dans l’unité des forces de progrès, des alternatives programmatiques. Quel que soit le degré d’amateurisme de l’opération Arche de Zoé, la situation démontre les limites de l’action humanitaire en Afrique et le désespoir des peuples victimes et des citoyens solidaires, en l’absence d’un discours vraiment alternatif et largement médiatisé, sur les relations franco-européo-africaines. L’occasion nous est donnée de faire la lumière, comme pour les relations franco-lybiennes (contrats occultes d’armements) et les relations franco-djiboutiennes (affaire Borrel), sur des modes de coopération anachroniques et dont ne veulent plus majoritairement les peuples d’Afrique francophone et la société civile française : quelle  est  la mission actuelle de la Coopération militaire au Tchad et dans la région ? Quel est le contrat réel de Coopération avec la dictature d’Idriss Déby, en matière d’exploitation des ressources pétrolières…etc?

             Confrontés que nous sommes à un atlantisme libéral-autoritaire agressif qui a pris pied en France (en dépit de ses échecs dans l’Espagne de Zapatero, dans l’Italie de Romano Prodi, au Congrès américain lui-même sous la Présidence de Nancy Pelosi, dans la guerre en Irak…) et solidaires de la construction continentale latino-américaine, nous avons tout intérêt à construire en parallèle un partenariat francophone de qualité et qui nous fasse enfin honneur. Prenons exemple sur l’Allemagne dont la médiation a joué en faveur de l’intégration de la Turquie dans l’Union Européenne. A ce titre, le traitement humanitaire, intra muros, de l’immigration clandestine et l’opposition aux aspects les plus inhumains de la loi Hortefeux (la question des contrôles génétiques) ne suffisent plus. Il serait bienvenu de faire un bilan public de l’échec d’autres responsables socialistes (Bernard Kouchner au Ministère des Affaires Etrangères, Jean Marie Bocker au Ministère de la Coopération…) à marquer leur différence par rapport à la politique gouvernementale, sur la question des relations controversées de la France au Sud. La candidate Ségolène Royal à l’élection présidentielle a pris position oralement pour l’abolition du néo-colonialisme et une plus grande transparence de l’Aide Publique au Développement (APD). Le PS prend-il en charge ce programme, qui pourrait inclure la neutralisation des maffias françafricaines et se solidariser avec les gouvernements et oppositions progressistes d’Afrique ? A ce propos, est rajoutée au courrier la résolution de la dernière AG d’ATTAC (octobre 2007) sur ces questions.

III- Le mode  de consultation concernant le projet de traité européen modifié

 

              Dans ce contexte troublé, la question du mode de consultation concernant le traité européen modifié n’est pas anodine. Etant donné l’opposition majoritaire, exprimée par la voie référendaire, du peuple français comme du peuple néerlandais, au projet précédent, il serait judicieux de ne pas nier cet acquit de la démocratie populaire, exprimée dans le domaine de la vie internationale et prise en compte par la majorité des candidats à l’élection présidentielle de 2007. Car, ce qui est en jeu, dans les évolutions au 21e siècle, dans l’Union Européenne comme au FMI, c’est la capacité des peuples à conjurer les dangers d’une technocratie grandissant au fur et à mesure des progrès de  la mondialisation. Pour ce faire, à l’opposé d’un présidentialisme qui aurait le monopole de la gestion des relations internationales, la représentation nationale, même minoritaire, peut et doit intervenir, aux côtés des peuples et de la société civile, dans ces domaines qui exercent désormais une influence certaine dans la vie des citoyens, au quotidien.

             Au delà, sur un plan géo-politique, nous manifestons notre vive réticence à l’égard de la construction d’ une Europe structurellement néo-libérale, conduite de ce fait à résister aux aspirations altermondialistes des autres continents dont ceux du Sud, Afrique et Amérique latine en particulier.

 

           Pour conclure, votre parti a engagé légitimement un recours auprès du CSA pour demander une plus juste répartition de l’expression des opinions dans les médias publics. Mais, pour que notre démocratie vive effectivement, ne faut-il pas rajouter à cette disposition le refus de l’autocensure de la part de l’opposition elle-même concernant les centres d’intérêt émergents? Le mouvement créateur des peuples nécessite des réformes programmatiques à la mesure des défis du 21e siècle : sans doute est-ce par l’unité des forces de progrès que nous parviendrons à les mettre en actes et à retrouver, ce faisant, en France les voies de l’espoir et du renouveau.

 

                                                                       

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