Lettre ouverte au Conseil supérieur de l'Audiovisuel (CSA)

Publié le par Association Fraternité Franco-Africaine (FFA)

                     PROPOSITION DE LETTRE OUVERTE AU
                 CONSEIL SUPERIEUR DE L’AUDIOVISUEL (CSA)
                      17 septembre 2007
 
       A l’occasion de la commémoration du 60e anniversaire du programme du Conseil National de la Résistance (CNR) le 8 mars 2004, les survivants appelèrent « les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous n'acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil National de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944. »
       De même, l’une des résolutions présentées par le bureau d’ATTAC France à la prochaine Assemblée générale de l’association (octobre 2007) propose que « la critique du système médiatique devienne un axe de travail transversal à l’ensemble des campagnes (…) dans le but de déconstruire à tous les niveaux le discours néo-libéral et de mener une bataille pour la pluralité de l’information. »
 
     Une telle mobilisation est rendue nécessaire par le contexte qui prévaut actuellement à la vie sociale et médiatique: collusion croissante des pouvoirs centraux de l’Etat et des médias publics, en particulier télévisuels (nomination d’un proche du Président de la République à la direction de TF1…) ; propagande ostensible en faveur du camp sortant et majoritaire, en particulier à la veille des échéances électorales ; désinformation sur la base de dénigrements répétés, d’incitation à la division et de censure concernant l’opposition politique et le monde associatif alternatif ; enfermement, à l’occasion des campagnes électorales, dans les enjeux nationaux et dans un bipartisme étroit, à la limite du monopartisme ; ethnocentrisme marqué en matière de traitement de l’actualité internationale, en particulier Nord-Sud et franco-africaine ; fermeture d’émissions telles « Arrêt sur images » animée par Daniel Schneidermann qui favorise une formation citoyenne à la lecture raisonnée et critique des médias ; tendance nette à la réduction des enjeux économiques aux questions de la compétition internationale et de la croissance, en lieu et place d’un développement fondé sur la coopération; multiplication inquiétante d’une culture people d’obédience atlantiste qui cultive par exemple la politique-spectacle, l’hyper-personnalisation et le fait-divers en lieu et place d’un débat d’idées citoyen et démocratique ou d’une culture sociale et artistique de qualité .. .
 
     Ces phénomènes conjugués exercent une influence excessive et malsaine sur l’opinion publique et sa part la plus vulnérable, la jeunesse et peuvent entraîner, parmi d’autres facteurs objectifs (socio-économiques) une régression des mentalités et du pacte convivial ; au-delà, cette tentative hégémonique de la part du monde des affaires et de ses réseaux réduit sensiblement les perspectives nationales en matière d’alternative sociétale voire d’alternance au pouvoir. Lutter efficacement à l’encontre de ces dénis de démocratie et au delà de culture nécessite l’unité la plus large. Un élément fédérateur pourrait être, entre autres moyens d’action, la circulation au niveau des autres médias disponibles (Internet, journaux, chaînes régionales et radios locales…) d’une lettre ouverte inter-associative au CSA demandant :
       -le respect par les chaînes de télévision et de radio de leurs principes professionnels : indépendance à l’égard de l’Etat central, objectivité à l’antenne, traitement équitable des différents intervenants, pluralité de l’information et de ses sources…en particulier à l’occasion des prochaines échéances électorales
        -l’arrêt de la censure concernant certaines composantes de l’actualité (questions internationales, géo-politiques et stratégiques, relations Nord-Sud, en particulier franco-africaines…) et de l’opinion publique (composantes régionales, dont celle des DOM-TOM ; composantes antilibérale et alter-mondialiste représentée en particulier par ATTAC  …)
         -la réouverture de l’émission de Daniel Schneidermann, « Arrêt sur images » ainsi que la création d’une émission critique de cet ordre par chaque chaîne
         - l’établissement d’un quota d’antenne strict concernant les émissions people et lavalorisation d’émissions favorisant en particulier pour la jeunesse la créativité et le dialogue interculturel.
 
         La couverture médiatique des prochaines campagnes électorales sera un indice clair du degré de bonne santé de notre démocratie ; en cas de nouveaux dérapages, la constitution d’un Observatoire indépendant et inter-associatif des médias publics pourrait être une démarche appropriée.
 
 
 
 
 
       !
 

Publié dans contributions

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article